Les tirés au sort risquent d'être incompétents.
On peut le penser en effet à condition de penser aussi que la charge publique à remplir, celle pour laquelle le citoyen est tiré au sort, constitue un métier nécessitant des compétences particulières. Or le travail de constituant, de député, de n'importe quel élu consiste à s'enquérir d'avis divers concernant un sujet déterminé, puis d'en faire une synthèse en vue d'une décision d'action ou de vote. Cela ne nécessite pas de compétences à part celles de savoir écouter, comparer, et prendre une décision. C'est à la portée de chacun et c'est d'ailleurs une situation tout à fait courante dans la gestion de nos affaires privées. Que la société dans laquelle nous vivons soit devenue fort complexe ne change rien à l'affaire, car la complexité est prise en compte par les spécialistes sollicités par le mandataire qui arbitre par la suite entre plusieurs propositions complexes.
Notons par ailleurs que le jury d'assise, constitué de gens ordinaires tirés au sort, est jugé compétent pour décider du sort des personnes ayant commis des crimes, et ce depuis 1789, la peine de mort ayant été aboli en 1981 seulement.
La démocratie athénienne n'est pas une bonne référence car c'était une société esclavagiste.
En effet, comme l'étaient de très nombreuses sociétés de l'époque. La France elle-même était esclavagiste plus de 2000 ans plus tard. Les esclaves ne faisaient pas partie du peuple au même titre que les femmes d'ailleurs. Le peuple d'Athènes, c'étaient les hommes libres et seulement eux. Cette délimitation faite, chaque membre de ce peuple possédait une égale opportunité de participer aux affaires publiques, le tirage au sort garantissant que les gouvernants seraient issus du peuple et non d'une caste de notables contrôlant leur élection. Les temps ont heureusement changé, et s'inspirer de l'Athènes antique, serait en quelque sorte mettre à jour son système politique en en gardant le meilleur. La présence de l'esclavage n'est pas ce qui a permis l'avènement de la démocratie en Grèce antique et de fait sa disparition à l'époque que nous vivons ne signifie pas que la démocratie n'est plus possible aujourd'hui. Les spécialistes de cette période historique montrent aisément que l'assertion présentant l'esclavage comme un temps libéré pour le citoyen afin qu'il puisse s'adonner à des activités politiques ne se fonde sur rien de sérieux. Cela étant l'heure est à la diminution du temps de travail puisqu'il faut bien partager celui qui reste et qu'il faut bien aussi, compte tenu de l'épuisement des ressources, se mettre à moins produire. Le temps libéré, pour ceux qui le désirent, pourra être mis à profit dans l'action politique.
La démocratie athénienne n'est plus possible compte-tenu de la taille de notre société.
L'objectif n'est pas de refaire Athènes en France à tout prix, mais de s'inspirer de ses principes démocratiques, l'Athènes antique ayant été l'unique lieu connu où se développa une authentique démocratie depuis les débuts de la civilisation humaine. Certes, passer d'un peuple de 30 000 citoyens à un peuple de 50 millions de citoyens répartis sur un très vaste territoire nécessite quelques adaptations, mais elles sont absolument à notre portée, si l'on considère la démocratie directe comme organisation à retenir, plutôt que la représentation, bien sûr d'un autre type que celle que nous connaissons actuellement. Réunir le peuple (ceux qui veulent participer) au niveau local ne pose pas de problème particulier. Pour les niveaux supérieurs (départemental, régional, national), les techniques de communication actuelles permettent la tenue d'une même réunion (une séance d'assemblée nationale par exemple) en de multiples lieux.
La représentation (quelqu'un me représente pour parler et agir en mon nom)
Elle peut avoir deux objectifs. Faciliter la gestion des grands groupes de personnes et filtrer la volonté de ce groupe par ses représentants qui forment un ensemble de nature différente du groupe lui-même et dont les liens sont paradoxalement plus forts du côté de la direction du groupe que du groupe lui-même. C'est avec le manteau du premier objectif, que notre gouvernement représentatif réalise son objectif principal, filtrer la volonté du peuple jusqu'à la nier en totalité le cas échéant (Traité de Lisbonne 2007 qui reprend les termes du texte rejeté par le référendum de 2005). Si l'on se limite à user de la représentation suivant le premier cas (le second devant être absolument rejetée en démocratie), il y a lieu d'encadrer strictement les conditions par lesquelles s'obtient cette représentation et en ayant pour principe directeur la similitude : Le groupe restreint résultant de la représentation, les représentants, sont le peuple en miniature.